Prendre appui sur les mots,
30 coups de bâton.
Prendre appui sur la méditation,
30 coups de bâton.
Prendre appui sur le vide,
10 000 coups de bâton.
Avant de parler des exercices de l'éveil, il convient tout d'abord de mieux comprendre ce que l'on entend par éveil et pour cela nous vous proposons des extraits du livre "Apprivoiser l'éveil" de Pierre Taïgu Turlur, professeur de littérature et de philosophie française à Kyôto et Osaka, moine zen de l’école Soto.
Dans une langue accessible, l'auteur éclaire les étapes de cette allégorie du cheminement spirituel, ses facettes et ses pièges, et s'adresse à la femme et à l'homme d'aujourd'hui. Il propose également des exercices qui confèrent une dimension pratique à l'étude de ces images. Nous vous proposons ci-dessous quelques extraits :
Par éveil, ne faudrait-il pas plutôt entendre une manière éveillée de vivre ? Car l’éveil est une activité et non un état, il consiste à éclairer notre illusion fondamentale plutôt que de nous enivrer de réalisations fantomatiques.
« Ceux qui sont éveillés face à leur propre illusion sont des bouddhas.
Ceux qui sont gravement illusionnés au sujet de l’éveil sont des êtres ordinaires »,
écrit Dôgen dans le Genjokoan.
L’ego peut ainsi faire déraper très vite la pratique et la transformer en un jeu ou en un spectacle séduisant et absurde, un opéra de la nature originelle, une comédie musicale de la vacuité. Le plaisir de l’observateur est de cultiver et entretenir des images et des réalisations, et ce faisant le point essentiel est complètement oublié : il ne s’est jamais agi de voir l’éveil mais de l’incarner. Devenant l’éveil, il est impossible de le contempler. Voilà qui tord le cou à bien des idées reçues et met un terme aux prétentions de celles et ceux qui pourraient s’autoproclamer éveillés. Si dans le Zen nous simplifions tout, nous nous asseyons dans un grand dépouillement en portant des vêtements sombres, c’est bien pour ne plus offrir tant de distractions. Toutefois si nous observons, nous réintroduisons un élément qui n’a plus lieu d’être. De même que les koans ne sont pas destinés à devenir des jouets avec lesquels on s’amuse afin de cracher une réponse sage ou sagace, mais plutôt pour devenir le koan, le mélanger à nous-mêmes, l’avaler et le recracher sous forme d’activité et de vie